La guérison des blessures tissulaires du sportif

Dans cet article, je détaille le protocole de traitement des lésions tissulaires chez les sportifs élaboré par la clinique du coureur. De l'apparition de la blessure jusqu'à la récupération complète, découvrez les étapes recommandées. Attention, il est primordial qu'un professionnel de santé suive toute blessure.

SPORT ET MOBILITÉGESTION DE L'ÉNERGIE

Chimère

9/1/20247 min read

cheville inflammée
cheville inflammée

Vous êtes sportif et vous venez de vous blesser ? Que ce soit une entorse de la cheville lors d’un match de basket ou une lésion musculaire pendant votre footing, la prise en charge des blessures tissulaires a considérablement évolué ces dernières années. Fini le temps du fameux RICE (Rest, Ice, Compression, Elevation), je vous propose le PEACE & LOVE, un protocole de prise en charge des blessures tissulaires proposé par la clinique du coureur. Dans cet article, je vous explique comment prendre soin de vos blessures tissulaires. Le protocole n’est pas de moi, il est basé sur les dernières études en matière de rééducation des coureurs et s’applique à tous les sportifs. Ma deuxième source principale provient de la HAS (Haute Autorité de santé). Il s’agit des recommandations de soins pour les entorses externes de chevilles.

Que faire les premiers jours suivant la blessure ?

Lorsqu’une blessure survient, les premières 72 heures sont cruciales. C’est là qu’intervient la phase PEACE du protocole de la clinique du coureur.

P — Protection : Le premier réflexe que vous devez avoir est de protéger la zone blessée. Cela ne signifie pas nécessairement une immobilisation totale, mais plutôt une réduction des mouvements qui provoquent de la douleur. Par exemple, dans le cas d’une entorse de la cheville, on peut utiliser une contention adhésive ou une orthèse semi-rigide pour limiter les mouvements excessifs tout en permettant une certaine mobilité. Attention, cette phase n’est pas de deux ou trois semaines comme semblent le penser encore certains soignants.

E — Élévation : L’élévation du membre blessé au-dessus du niveau du cœur aide à réduire l’œdème (gonflement) en favorisant le retour veineux. C’est particulièrement important pour les blessures des membres inférieurs comme les entorses de cheville.

A — Éviter les anti-inflammatoires : contrairement à ce qu’on pourrait penser, il est préférable d’éviter les anti-inflammatoires dans les premiers jours suivant la blessure. Pourquoi ? Parce que l’inflammation est une partie normale et nécessaire du processus de guérison. Les anti-inflammatoires, qu’ils soient oraux ou topiques, peuvent en réalité retarder la guérison en interférant avec ce processus naturel. Pour les mêmes raisons, la glace n’est plus conseillée.

C — Compression : La compression est un élément clé pour réduire l’œdème initial. Un bandage compressif ou un taping bien réalisé peut être très efficace.

E — Éducation : Il est important que vous acceptiez que les anciennes pratiques ou croyances ne sont plus d’actualité. Comprenez que la douleur ne signifie pas nécessairement qu’il y a des dommages supplémentaires. Il faut également éviter la surmédicalisation et les traitements passifs inutiles. Un professionnel de santé pourra vous guider sur les attentes réalistes en termes de récupération et vous conseiller sur la meilleure façon de gérer votre blessure.

genou inflammé
genou inflammé

La phase de récupération de la fonction

Après les premiers jours, on entre dans la phase LOVE, qui vise à optimiser la guérison et le retour à l’activité :

L — Load (Charge) : Contrairement aux anciennes recommandations, le repos complet n’est pas une solution, on sait maintenant qu’une mise en charge rapide (dès que l’appui est possible) progressive et contrôlée est bénéfique pour la guérison des tissus. Appliquer un stress mécanique optimal, sans provoquer de douleur, est nécessaire.

O — Optimisme : L’état d’esprit joue un rôle crucial dans la guérison. Un optimisme réaliste et une attitude positive peuvent réellement influencer la vitesse et la qualité de la récupération. Vous devez vous concentrer sur les progrès réalisés plutôt que sur les limitations qui de toute façon finiront par passer.

V — Vascularisation : L’amélioration de la circulation sanguine au niveau de la blessure accélère la guérison. Les activités cardiovasculaires qui n’aggravent pas la blessure s’avèrent bénéfiques. On préconise jusqu’à deux fois vingt minutes d’activités cardiovasculaires par jour.

E — Exercices : Les exercices spécifiques sont essentiels. Ils vous permettent de retrouver la mobilité, la force et la proprioception de la structure lésée. Pour une récupération rapide et complète, le masseur-kinésithérapeute reste le mieux placé pour vous guider vers les bonnes pratiques.

La proprioception : la clé d’une récupération complète

Un aspect crucial de la rééducation, particulièrement pour les blessures comme les entorses de cheville, est la proprioception. Cette technique vise à restaurer la stabilité et à prévenir les récidives.

La proprioception consiste à placer le patient dans des situations de déséquilibre contrôlé, utilisant divers outils instables pour stimuler les réactions de défense naturelles du corps. Cette approche a montré son efficacité pour permettre une reprise d’activité précoce, améliorer la stabilité et réduire les risques de récidive.

Voici une progression typique pour la proprioception :

1. Commencer par des exercices analytiques (comme la stimulation de l’éversion et de l’inversion du pied) avant de passer à des mouvements plus globaux et fonctionnels.

2. Débuter en décharge (par exemple, coucher ou à genoux avec le pied hors de la table) avant de progresser vers la mise en charge complète.

3. Passer de l’appui bipodal à l’appui unipodal.

4. Évoluer du travail statique au travail dynamique.

5. Augmenter progressivement la vitesse et l’intensité des sollicitations.

6. Progresser d’un environnement stable (sol plat) vers des surfaces instables ou irrégulières.

7. Intégrer des mouvements de plus en plus complexes, impliquant par exemple la réception d’objets tout en maintenant l’équilibre.

Il existe de nombreux produits permettant la proprioception et prévenir les blessures.

Plateau de proprioceptionPlateau de proprioception
coussin de proprioceptioncoussin de proprioception
Boules d'équilibreBoules d'équilibre

Qu’en est-il des autres techniques ?

Bien que l’approche active soit privilégiée, certaines techniques complémentaires peuvent être utiles :

· Le massage : Il peut aider à réduire la douleur, l’œdème et améliorer la perception du pied.

· L’application de froid : Bien que son effet sur l’œdème soit limité, le froid peut aider à soulager la douleur, rendant le traitement plus confortable. Attention cependant aux précautions d’usage pour éviter les brûlures.

· La pressothérapie : Elle peut être efficace en phase aiguë, bien que les techniques manuelles soient souvent préférées.

· La stimulation électrique transcutanée : Bien que son efficacité spécifique pour les entorses n’ait pas été prouvée, elle peut être utilisée comme option pour la gestion de la douleur.

Certaines pratiques, autrefois préconisées et aujourd’hui encore utilisées, même par les professionnels de santé, sont maintenant déconseillées :

· L’utilisation d’anti-inflammatoires peut interférer avec le processus naturel de guérison.

· L’immobilisation prolongée entraîne une raideur articulaire et une atrophie musculaire.

· L’application prolongée de glace peut ralentir la guérison.

· L’efficacité des ultrasons n’a pas été démontrée et ils peuvent même être contre-productifs dans les premiers jours suivant la blessure.

· Des études ont montré l’inefficacité du laser, voire un retard de récupération en cas d’utilisation.

boules de massageboules de massage
rouleau de massagerouleau de massage

Quand êtes-vous guéri ?

Plusieurs indicateurs sont à prendre en compte :

· La douleur

· L’œdème

· La mobilité

· La force

· La stabilité fonctionnelle

· La capacité à réaliser les activités de la vie quotidienne

· La capacité à réaliser une ou des activités physiques

L’objectif est de retrouver un niveau de fonction comparable à celui d’avant la blessure.

Il est important de noter qu’être guéri ne signifie pas que vous devez reprendre le sport de façon trop rapide, intense, ou soutenue. Être progressif dans la quantité, l’intensité et la charge est primordial pour prévenir d’éventuelles rechutes. La majorité des blessures du sportif ont pour cause la surcharge (trop vite, trop fort, trop longtemps).

Des exercices de prévention, notamment de mobilité, de renforcement et de reprogrammation neuromusculaire, peuvent être poursuivis à long terme pour réduire les risques de récidive.

Pour conclure

La prise en charge des blessures sportives a considérablement évolué ces dernières années. L’approche PEACE & LOVE promue par la clinique du coureur, combinée à une reprogrammation neuromusculaire progressive, offre un cadre efficace pour optimiser la guérison et prévenir les récidives.

Rappelez vous que la récupération peut prendre du temps. Soyez patient, restez positif et suivez les conseils d’un bon kiné.

La meilleure des blessures est celle qu’on évite. Une bonne préparation physique, un échauffement approprié et une progression dans votre pratique sportive restent vos meilleurs alliés pour ne pas vous blesser.

Chimère

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